Thérapie de l’atelier : #1 Le perfectionnisme

Imaginez un sol d’atelier. Quinze ans, peut-être vingt qu’il affronte bravement poussières, morceaux de bois, solvants en tout genre qui viennent à sa rencontre. Un sol pas très propre mais bien pratique. Une couche blanc crème recouverte de centaines de taches de toutes tailles et de toutes couleurs. Ici de la rouille, là-bas des trous écorchent le sol. Il faut repeindre le sol, ont-ils décidé. Redonner un coup de jeunesse à cette pièce maitresse de l’atelier. Sans sol, ni établi, ni scies, ni rien du tout. Pour faire adhérer la nouvelle peinture, du gris fringuant, il faut préparer le sol, le poncer. Imaginez maintenant que cette tâche soit confiée à une personne, légèrement, perfectionniste. Avec une ponceuse, habituellement utilisée pour le bois, la voilà déterminée à rendre ce sol adhérant. Soit, mais comment affronter les centaines de souillures et d’aspérités qui jalonnent le sol ? Des heures durant, maintenir la machine, appuyer, viser les taches, vouloir les effacer toutes mais ne jamais y parvenir tel une Sisyphe des temps modernes.

Imaginez dans cet atelier, une collection de vis amassées sur des années. Des centaines de petits cartons, quelques mélanges aussi. Des 3 x 35, des 6 x 25, des 2 x 40, un diversité de tailles et de formes. Des Philips, des Torx, des plates, de tout. Imaginez maintenant qu’il soit demandé à une personne un tant soit peu perfectionniste de « faire de l’ordre » dans cette quincaillerie. Trier, classer des tas de petits paquets poussiéreux et instables sur des étagères. Puis voir les tourelles ainsi constituées s’effondrer. Et recommencer.

Morale de l’histoire : avant d’entrer dans l’atelier, oubliez toutes velléités perfectionnistes capitalisto-protestantes ou c’est l’atelier qui vous les fera oublier.

L’ apprentie ébéniste

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