Bon je vous rassure tout de suite, derrière ce titre putaclic, comme on dit dans le milieu, il y a un vrai débat de société. En effet, pour le plus grand malheur des fachos, le monde change et tout fout le camp ma bonne Lucette. Dans les milieux militants qui souhaitent ce changement de monde et de société, beaucoup estiment que cela commence par ne pas participer, à l’échelle individuelle, aux oppressions systémiques actuelles. Il faut déconstruire les dynamiques d’oppression et se déconstruire en se purgeant de ses réflexes oppressifs. Par exemple, en ne criant plus putain quand on est énervé. On peut plus rien dire, ma bonne Lucette !
C’est clair, putain est originellement une insulte à caractère sexiste. Selon le Larousse il désigne une prostituée et/ou une femme débauchée et sans moralité. Et dans notre société encore imprégnée de chasteté chrétienne et de patriarcat éculé, une femme qui vend sa chair c’est mal. Pire encore si elle se donne gratuitement, une putain qui couche par plaisir de donner et de recevoir c’est de la débauche communiste ! Dans la bonne morale bourgeoise, il est plus grave d’offrir son corps que de le vendre comme un produit. Mais, rassurez-vous, pour les bonnes gens profitant de ces services pour supporter un mariage terne, les deux sont condamnable et condamné. Toutefois, aujourd’hui, on n’utilise que très peu le vieux terme « putain » pour gravement insulter quelqu’un. On préfère les qualificatifs comme « pute » ou « fils de pute » pour dénigrer sa vertu ou celle de sa maman. D’ailleurs, jamais « fille de pute » n’est utilisé. Une femme pouvant être une « putain », inutile d’insulter sa maman. Encore une marque du caractère sexiste de l’insulte qui ignore la possibilité que les hommes se prostituent.
Mais, si le terme a une origine, on peut se demander qui encore a dans sa tête l’idée d’une travailleuse du sexe lorsqu’il l’utilise. D’autant que celui-ci n’est plus utilisé comme une insulte mais une interjection. Les interjections sont des invariables comme ah !, ho ! ou damnation ! employés pour exprimer une émotion. Et le contexte ou la tonalité lors de l’utilisation va grandement changer le sens du terme. Par exemple, si je crie « Ho putain ! » en glissant dans l’escalier, j’exprime la surprise et la peur. Si je crie « putain de merde » les sourcilles froncés, j’exprime la colère. Et non pas « travailleuse du sexe composée de caca », car ça n’aurait aucun sens. Son utilisation est donc devenue un réflexe de langage qui, par l’utilisation d’un mot tabou, exprime l’intensité d’une émotion. La langue étant une chose vivante, elle est, malgré les efforts des croulants de l’académie française, en constante évolution. Des nouveaux mots sont inventés, des mots disparaisses et d’autres changent de sens.
Pour revenir à nos moutons, nous qui sommes ici tous des gens de bonne volonté qui voulons mettre fin aux oppressions (clin d’œil, clin d’œil), doit-on faire crever cette interjection oppressive ? Et même si on le voulait, pourrait-on vraiment nous débarrasser d’un réflexe de langage ? Ou doit-on simplement laisser le mot évoluer naturellement vers un nouveau sens qui ne soit oppressif pour personne ?
Voila, je pose ça la en espérant que comme moi ça vous empêchera de dormir après votre café de trop.
L’insomniaque
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