Le PDC valaisan paie le prix de son arrogance à l’égard des femmes

Le PDC a perdu aujourd’hui sa majorité au Conseil d’État valaisan, son candidat malheureux Serge Gaudin n’ayant pas réussi à sauver le troisième siège orange. Le sort de cette élection aurait probablement été tout autre si le PDC avait présenté une femme à la succession de Jacques Melly. En septembre 2020, le Collectif Femmes* Valais dénonçait le « Congrès de la honte » qui avait adoubé trois candidatures masculines. Les militantes féministes appelaient alors le parti majoritaire valaisan à prendre ses responsabilités quant à la représentation des femmes au Conseil d’État.

Face à la composition d’un deuxième tour connue d’avance et 100% masculine, parier sur une femme aurait probablement permis au PDC de garder son troisième siège. On peut à juste titre se demander si une instrumentalisation de la représentation des femmes au profit du jeu politique aurait été une avancée féministe, il n’en demeure pas moins que le PDC aura certainement des leçons à tirer de son échec.

Imaginons donc un instant, au lieu de présenter la candidature unique de Serge Gaudin (au côté de ses deux colistiers, sortants et grands favoris), le PDC aurait décidé d’une autre stratégie. Plusieurs cas de figures. Premièrement, on aurait pu s’attendre, comme pointé par le Collectif Femmes* Valais, à ce que le PDC présente une femme. On l’a dit, répété, martelé, le plus grand parti valaisan a dans ces rangs des candidates de qualité (même si elles ne sont pas toujours dans le bon district, ou qu’elles doivent assumer souvent encore, en plus de leur mandat politique, une charge familiale). Autre possibilité, le parti aurait pu décider de jouer la carte de la démocratie. Ainsi, au lieu donc de ne présenter qu’un candidat à la succession du démissionnaire Melly, le Centre aurait pu offrir la possibilité d’une alternative plus réjouissante : soit, de présenter un ticket à quatre dont une femme.

Arrêtons-nous sur cette deuxième solution. Qu’serait-il advenu des résultats dans les urnes ? Il est raisonnable d’imaginer que le choix « femme » (qu’on trouve l’argument bon ou mauvais) aurait plu. Quitte à voter un inconnu, autant voter une inconnue. La candidate femme serait ainsi probablement sortie troisième meilleure résultat de la liste au premier tour, rendant sa présence au deuxième tour indiscutable et écartant ainsi Serge Gaudin. Une large majorité de l’électorat de gauche aurait soutenu la candidature féminine au deuxième tour. Jamais le Parti socialiste et les Vert-e-s n’auraient osés appeler à évincer une femme. On peut même imaginer que la gauche aurait appelé à soutenir la candidate femme PDC plutôt que Franz Ruppen, pour respecter ses engagements féministes.

Pour que le Valais, si fier de l’augmentation du nombre de femmes au Grand Conseil, ne soit plus la lanterne rouge avec zéro femme au Gouvernement, les partis valaisans seraient bien avisés de se mettre dès aujourd’hui au travail pour proposer aux citoyennes et citoyens valaisan·ne·s des candidatures qui représentent la diversité valaisanne en 2025. Mais cela oblige des partis, qui ont longtemps fonctionné en boys club ne tolérant les femmes que pour les prises de PV ou comme « ornements de leurs séances » à se modifier en profondeur et à sortir, enfin, du Moyen-Âge.

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